Numismatique de l'antiquité
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 Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...

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BRUTUS
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MessageSujet: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeSam 20 Déc 2014 - 17:09

Il m’a semblé intéressant d’évoquer avec vous ce que nous livre la numismatique romaine sur le mythe fondateur de Rome au fil des siècles. Quelles sont les récentes conclusions dégagées suite à la découverte du matériel archéologique excavé sur le forum par A. Carandini ou R. Lanciani ? Corrobore-il les textes des historiens antiques comme l’histoire de Denys d’Halicarnasse ou Tite-live ?  Romulus a-t-il réellement existé ? Les nouvelles thèses révèlent-elles des éléments passés sous silence ou mal interprétés depuis lors par les mythographes qui puissent enfin établir une vérité historique?
Parce que la geste antique soulève beaucoup d’interrogations historiographiques, parce que l’imagerie numismatique est, à mon avis, un condensé de ce que l’on a voulu garder comme repères « politiquement corrects » afin de graver profondément dans la mémoire collective une certaine idée de la citoyenneté romaine, se voulant commune à toutes les pièces rapportées qui composent cette ligue d’origine « latino-sabine » nouvellement puissante, la numismatique permet alors d’avoir une approche complémentaire de la compréhension du mythe revisité par la politique. En établissant une antériorité pleine de messages justifiant les nouvelles orientations républicaines, l’analyse de cette histoire passionnante permet encore aux travaux conjoints des historiens et des archéologues modernes de révéler une approche « révolutionnaire » du mythe du premier Rex sacrum fondateur de l’Urbs et de sa religion. Ces images figées sur les monnaies semblent édifier une vulgate commune à la politique et la philosophie républicaine en marche : en codifiant ainsi une justification hégémonique tous au long des temps républicains, on explique plus facilement les orientations politiques et religieuses choisies pour faire avancer l’histoire dans le même sens !
 
Commençons par le début du mythe (VIIIe siècle av. J.-C.), la naissance gémellaire et l’enfance sauvage de Remus et Romulus : en nous aidant de l’ethnologie, l’anthropologie ou encore de la sociologie. Les interprétations récentes nous livrent une toute autre vision du début du mythe, (sans parler de la vision strictement Dumézilienne par comparaison des légendes indo-européennes comportant, à mon avis,  quelques raccourcis alambiqués arrangeant l’auteur !). L’ethnologie moderne permet de définir les « totems » du mythe et ainsi mieux interpréter le condensation progressive de l’idéologie romaine par ce passage de l’état sauvage des personnages en situation à la genèse d’une civilisation. Ce passage d’un état primitif de bergers  à un autre plus évolué qui l’élève au rang des grands empires dominant le monde tout entier! La louve allaitant n’est elle pas encore de nos jours le symbole de la ville éternelle, jusqu’à choisir la lupa comme l’emblème de l’A.S Roma, ville dans laquelle le football est devenue une religion ?
 
1 - Les jumeaux civilisateurs contra la divine nature archaïque :
 
L’iconographie de ces deniers républicains résume le mythe et assoit les fondations de tout un peuple :

Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Oghx68

Nés de la vestale Rhéa Sylvia, fille de Numitor, roi de la ligue latine, et de Mars, les jumeaux de sang royal, abandonnés au fleuve, s’échouent sur la rive sous le figuier ruminal. Ils sont alors nourris par une louve sous l’œil d’un pivert et d’une huppe, pour plus tard être recueillis par un berger et sa femme ; voyons ici en ce pivert, Picus un dieu primitif des latins, fils de Mars et  Parra, l’offraie ou la huppe nous renvoie à Vesta. On accorde ainsi le droit de mêler le divin aux humains (Mars, Picus, Parra) pour rendre plus vénérable l’origine d’une ville. D’autre part le fait que la mère génitrice soit affublée d’un tabou sexuel transgressé par Mars, par le seul fait qu’elle représente la virginité même à laquelle les vestales se prédestinaient, n’est pas sans rappeler une analogie avec une autre vierge célèbre qui connut plus tard un franc succès dans la religion chrétienne ! Ce type de scénographie mythique établit un lien direct entre les « jumeaux civilisateurs romains » et les forces divines de la nature, base fondatrice de l’évolution des peuples et des religions. Ainsi la tradition conserve l’allaitement fabuleux d’une louve la ou il faut peut être voir (selon tite Live) l’épouse de Faustulus le berger, Acca Larentia,  péripatéticienne de son état, car en latin , Lupa, signifie aussi prostituée. Mais le choix de la louve plutôt que de la prostituée relève du totémisme évoqué plus haut : le loup, d’abord ennemi des bergers devient alors protecteur des jumeaux et dénote encore une fois le passage de l’état sauvage primitif à celui de la civilisation. L’étude des lupercalia, fêté le 15 février abonde dans le même sens et prend d’ailleurs toute son importance lorsqu’on retranscrit son déroulement selon ces nouveaux codes.

Si le sujet vous interesse, je peux décliner ainsi l'intégralité du déroulement du mythe. qui de l'histoire ou du mythe finira vaincoeur et répondra à la véracité de l'existence de Romulus ? Wink
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeSam 20 Déc 2014 - 18:38

La suite m'intéresse vivement Christophe, et pour cause. super
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeSam 20 Déc 2014 - 18:42



Oui vivement La suite reveil6
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeSam 20 Déc 2014 - 19:46

super1 On attend ....!!! content

A noter le syncrétisme avec bien d'autres mythes/religions , concernant l'abandon d'enfant sur un fleuve rivière , recueilli , par un animal ou une personne , élevés dans un milieu très modeste ou sauvage autre que celui de leurs origines , et voué ensuite à des destins glorieux , transcendant leur abandon et descente sociale par une refondation/renaissance de civilisation , sur des bases meilleures que que celle de leurs origines ......

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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeSam 20 Déc 2014 - 20:31

Oui, il y a un bon nombre de cas de ce type dans la mythologie grecque qui sont aussi représentés sur des monnaies. Dans la tradition hébraïque, c'est la cas de Moïse.
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeSam 20 Déc 2014 - 23:58

BRUTUS a écrit:


A noter le syncrétisme  avec bien d'autres mythes/religions , concernant l'abandon d'enfant sur un fleuve rivière , recueilli , par un animal ou une personne , élevés dans un milieu très modeste ou sauvage autre que celui de leurs origines  , et voué ensuite à des destins glorieux , transcendant leur abandon et descente sociale  par une refondation/renaissance de civilisation , sur des bases meilleures que que celle de leurs origines ......

Effectivement ces occurrences plaident en faveur d'un shème primitif (indo-européen ?) de pensée collective revenant immanquablement dans d'autres légendes afin de glorifier une origine, mettre en évidence une évolution vers une meilleure forme de civilisation, passant par la naissance d'un héros ; cet "élu" modifie et établit lui-même une "ligue" sortant ainsi du chaos les habitants de la région ; de même, le prodigium de l'allaitement animal se retrouve dans les légendes grecques, tel Paris nourris par une ourse ou encore Télèphe de Tégée nourri par une biche. Comme le fait remarquer T. Camous, il n'est pas impossible que ce mythe de l'allaitement animal fut transmis par les Grecs, mais l'image de la louve est proprement romaine.
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeDim 21 Déc 2014 - 9:53



2- La fondation de Rome jusqu’à l’enlèvement des Sabines, acte politique majeur.


C’est donc à Albe la longue, dans une cabane que grandissent et évoluent Remus et Romulus au milieu des pâtres turbulents. Située au pied de la colline palatine, une cabane entretenue par les romains nommée « turgutium faustoli » ou « casa romuli » dont les fonds ont été mis à jour récemment, a sans doute servi par la suite de temple dédié à Romulus (divinisé en Quirinus). Certains auteurs rapportent que les deux frères reçoivent une éducation grecque (à Gabies à 20km de la future Rome), d’autres prétendent qu’ils deviennent plutôt des chefs de bandes de justiciers, sorte de bandits sociaux (à l’image de robin des bois !)
Rémus, capturé par les hommes de Numitor, tue Amulius (frère de Numitor) avec l’aide de Romulus pour y restaurer leur grand père, nouveau roi d’Albe. Venant du désordre, les jumeaux restaurent ainsi l’ordre albain et partent alors fonder une autre cité ; ce départ peut paraitre étrange mais on trouve le même schème initiatique dans les sociétés antiques primitives, (appelés printemps sacré par Strabon, ver sacrum,) consistant dans l’Apennin à expulser hors du territoire les jeunes gens consacrés à Mars (ici, le père même des jumeaux !) lorsqu’ils ont atteint l’âge de combattre et trouver un nouveau territoire. D’abord rejetés d’Albe (abandonnés au bord du Tibre), ils vivent sur le territoire de la future Rome, puis retournent pour restaurer le roi albain pour au final revenir sur les lieux de leur naissance et fonder Rome. Ces allers-retours, (le rejet initial puis la réintégration des jumeaux dans la communauté d’Albe) constituent une sorte de rite initiatique, passage primitif pour accéder au statut de futur héros romain !
On connait tous l’histoire de la fondation de Rome, issu d’un acte sacré (prises des auspices), politique et religieux qui se termine par un fratricide initialement étonnant ! Une naissance dans le sang avec un Romulus creusant un sillon profond fondateur (sulcus primigenius, le sillon primordial) autour du Palatin ; un sillon sacré que Rémus, le trouble fait franchit allégrement ! Ce fratricide met fin aux dualités encore une fois primitives de couples rivaux d’avant la fondation de l’Urbs, tels Ascane/Silvius, Numitor/Amulius et enfin Remus/Romulus. Les nouvelles données archéologiques mettent à jour des murailles et des portes datant du VIIIe av. J.-C. (Cf. les travaux de Carandini), pouvant abonder dans le sens de l’existence réelle de Romulus.

Tous les évènements constituant cette geste, même si les diverses interprétations ethnologiques nous éclaire sur bien des actes, ne sont pas reproduits sur les monnaies ni même évoqués. Il faudra attendre l’enlèvement des Sabines pour que les scalptores soient de nouveaux inspirés !

Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Mkheyq

Les enlèvements de femmes qui débouchent sur des guerres foisonnent dans la mythologie grecque (Hélène de Troie à titre d’exemple). Mais l’enlèvement des Sabines dénotent plus une nécessité sociale qu’un acte criminel en soi ! Pour faire grandir la ville, il fallait aussi provoquer un synécisme entre les sabins et les latins nouvellement installés sur le Palatin après ce printemps sacré (ver sacrum de Strabon) des jeunes pâtres Albains. En effet, l’ethnologie comparative nous apprend que la femme est à l’époque un « bien » d’échange  précieux permettant d’établir des relations avec les communautés voisines ; les échanges économiques et matrimoniaux sont intrinsèquement liés dans les cultures humaines.
Ce rapt provoque donc la guerre entre sabins et romains, pendant laquelle Tarpeia, fille du roi sabin Titus Tatius est enlevée puis convertie à la cause, trahissant son peuple d’adoption pour mourir sous les boucliers sabins au final.

Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... 4tswwn

Cette scène  tarpéienne, comme celle de l’enlèvement, se retrouve bien présente sur les deniers républicains. La fragilité démographique de Rome devait coute que coute être réglée par des échanges entre communautés voisines, soit les Sabins. Cette guerre du forum qui suivi l’enlèvement semble donc n’être que « rituelle », primitive voire simulée au cours de laquelle les parties face à face ne s’affrontent pas réellement car le motif n’est pas territorial mais purement « économique » et vital pour le développement de l’ Urbs. Le récit de la réconciliation éclair par l’intervention des femmes abonde dans le même sens. Ce qui débouche sur une union, un synécisme parfait entre les deux parties, réunissant les deux états sabin et romain avec une royauté commune dont le siège du pouvoir de Tatius  est transféré à Rome exercé conjointement avec celui de Romulus. C’est donc cette double monarchie latino-sabine qui fondera Rome, sa politique et sa religion.
Wink
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeDim 21 Déc 2014 - 10:22



A noter la dualité "mort/naissance" : mort de Remus et naissance de la ville


IOVI a écrit:



On connait tous l’histoire de la fondation de Rome, issu d’un acte sacré (prises des auspices), politique et religieux qui se termine par un fratricide initialement étonnant ! Une naissance dans le sang avec un Romulus creusant un sillon profond fondateur (sulcus primigenius, le sillon primordial) autour du Palatin ; un sillon sacré que Rémus, le trouble fait franchit allégrement !





quelques détails pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire et la prise d'auspices et la quérelle


Tite-Live, I, 6-7


...Romulus et Rémus conçurent l'idée de fonder une ville aux lieux témoins de leurs premiers périls et des soins donnés à leur enfance. La multitude d'habitants dont regorgeaient Albe et le Latium, grossie encore du concours des bergers, faisait espérer naturellement que la nouvelle ville éclipserait Albe et Lavinium. À ces projets d'établissement vient se mêler la soif du pouvoir, mal héréditaire chez eux, et une lutte monstrueuse termine un débat assez paisible dans le principe. Ils étaient jumeaux, et la prérogative de l'âge ne pouvait décider entre eux : ils remettent donc aux divinités tutélaires de ces lieux le soin de désigner, par des augures, celui qui devait donner son nom et des lois à la nouvelle ville, et se retirent, Romulus sur le mont Palatin, Rémus sur l'Aventin, pour y tracer l'enceinte augurale.

VII. (1) Le premier augure fut, dit-on, pour Rémus : c'étaient six vautours; il venait de l'annoncer, lorsque Romulus en vit le double, et chacun fut salué roi par les siens; les uns tiraient leur droit de la priorité, les autres du nombre des oiseaux (2) Une querelle s'ensuivit, que leur colère fit dégénérer en combat sanglant; frappé dans la mêlée, Rémus tomba mort. Suivant la tradition la plus répandue, Rémus, par dérision, avait franchi d'un saut les nouveaux remparts élevés par son frère, et Romulus, transporté de fureur, le tua en s'écriant :

« Ainsi périsse quiconque franchira mes murailles. »
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeDim 21 Déc 2014 - 10:35



j'ajoute la version de Plutarque sur l'enlèvement des Sabines et le bellicisme et l'expansionnisme de Romulus :


Plutarque, Vie de Romulus, XVI, 1-7

Ce fut quatre mois après la fondation de Rome que Romulus, selon Fabius Pictor, exécuta l’entreprise hardie de l’enlèvement des Sabines. On croit que, porté naturellement à la guerre, persuadé d’ailleurs, sur la foi de certains oracles que les destins promettaient à Rome la plus grande puissance, si elle était nourrie et élevée dans les armes, ce prince fit cet acte de violence, pour avoir un prétexte d’attaquer les Sabins. Aussi n’enleva-t-il qu’un petit nombre de femmes, trente seulement, parce qu’il avait plus besoin de guerre que de mariages. Mais il est plus vraisemblable que, voyant sa ville remplie d’étrangers, dont très peu avaient des femmes, et dont le reste n’était qu’un mélange confus de gens pauvres et obscurs qui, méprisés par les autres, ne paraissaient pas devoir lui être longtemps attachés, il espéra que l’enlèvement de ces femmes pourrait être pour eux un commencement d’alliance avec des Sabins, lorsqu’ils seraient parvenus à apaiser leurs femmes.

Voici comment il exécuta ce projet. Il fit d’abord répandre le bruit qu’il avait découvert sous terre l’autel d’un dieu nommé Consus, c’était le dieu du conseil : car les Romains donnent le nom de conseil à leurs assemblées publiques ; et à leurs premiers magistrats celui de consuls, ou conseillers. D’autres veulent que ce dieu soit Neptune Équestre. Cet autel, placé dans le grand cirque, reste toujours couvert, excepté dans les temps des jeux où l’on fait des courses de chevaux. On dit aussi que les conseils devant être toujours secrets, c’est avec raison qu’ils tiennent couvert l’autel du dieu qui les donne. Lorsque cette découverte fut assez connue, il fit publier qu’à certain jour il ferait un sacrifice solennel, suivi de spectacles et de jeux. On s’y rendit en foule de toutes parts. Romulus, vêtu de pourpre et entouré des principaux citoyens, était assis dans le lieu le plus élevé. Il avait donné pour signal le geste, qu’il ferait en se levant, de prendre les pans de sa robe et de s’en envelopper. Ses soldats armés tenaient les yeux fixés sur lui. Le signal est à peine donné, que, tirant leurs épées, ils s’élancent au milieu de la foule en jetant de grands cris, enlèvent les filles des Sabins, et laissent ceux-ci s’enfuir sans les poursuivre. Quelques écrivains prétendent qu'il n'y en eut que trente d'enlevées, qui donnèrent leurs noms aux tribus de Rome, Mais Valérius Antias les porte à sept cent vingt-sept, et Juba seulement à six cent quatre-vingt-trois. On doit remarquer qu'elles étaient toutes filles; dans leur nombre, il ne se trouva qu'une seule femme, nommée Hersilie ; encore avait-elle été prise par mégarde : observation qui justifie Romulus, et qui prouve qu'il n'employa cette violence ni pour outrager les Sabins , ni pour satisfaire une passion brutale, mais par le seul désir de former entre les deux peuples l'alliance la plus intime et la plus durable. Hersilie fut mariée à Hostilius , l'un des plus considérables entre les Romains.; d'autres disent qu'elle épousa Romulus lui-même , qui en eut deux enfants : une fille qui fut appelée Prima , parce qu'elle naquit la première , et un fils qu'il appela Aollius , en mémoire de ce concours de peuple qu'il avait rassemblé auprès de lui. Dans des temps postérieurs, on le nomma Abillius ; mais ce fait , qui n'est rapporté que par Zénodote de Trézène, a beaucoup de contradicteurs.



salut5 salut5 salut5


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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeDim 21 Déc 2014 - 10:41

... La gemellité originelle et la mort du frère... sujet inépuisable...

Tiens voici par exemple une lecture saine : http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2002.you_sk&part=68936 livre
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeDim 21 Déc 2014 - 11:27

simo75 a écrit:


A noter la dualité "mort/naissance" : mort de Remus et naissance de la ville


Et encore merçi Simo et Dedalus pour ces "pièces justificatives" tirées des historiens antiques et modernes. Wink
Effectivement Simo, cette dualité est aussi évoqué par T. Camous voyant dans Remus, le coté négatif de l'individu, brigand, enfreignant les lois et donc néfaste et impropre à la naissance d'une nation qu'il faut donc éliminer pour avancer. En supprimant ce coté "obscur" de la fondation de Rome, on ne garde que le bon et cela permet de tirer des règles saines pour faire croitre une nouvelle patrie. Mais comme l'auteur le signale aussi, son nom, lié à la légende n'est pas tombé dans l'oubli comme beaucoup d'autre épisodes que l'on a voulu occulter pour ne pas noircir l'image de Romulus.
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeDim 21 Déc 2014 - 11:52

Encore une fois , cette dualité mort/renaissance , bien/mal , civilisation/anarchie , est aussi présente dans de nombreux mythes fondateurs , de nombreuses civilisations/religions , qui gardent les traces négatives du coté "obscur" , sans lesquelles on ne pourrait mettre en avant et scénographier de manière , certes parfois un peu simpliste et abusive ( mais il fallait bien marquer les esprits de l'époque qui n'avaient certainement pas autant de recul et d'objectivité que nous en avons de nos jours ...) les qualités positives et constructives du "civilisateur" ....

Certaines cultures un peu différentes , les intégraient même dans leur panthéon , comme des phases négatives indispensables à l'équilibre des choses , en contrepoids du positif , et certainement pour rappeler aux hommes que le coté négatif existe , et qu'il ne faut pas y verser ......

L'exemple de l'hindouisme est bien net , avec Brahmā , la guerre , et Vishnou , la paix ........!!!!! Laughing

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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeDim 21 Déc 2014 - 15:10

3- Le rex augur et le mystère de sa mort

Romulus organise l’Urbs. Roi-prêtre, il est aussi naturellement roi-guerrier. Il combat de nombreux ennemis, comme Cameria, Fidènes et Véies. Les étrusques vaincus durent céder des territoires à Rome. L’histoire retiendra les 3 triomphes de Romulus ; le berger est aussi un guerrier car il doit veiller sur son troupeau et ses pâturages. Ces affrontements, contrairement à la guerre des Sabines, se caractérisent par la brièveté de ses engagements et on se bat désormais « pour de bon », plus de guerre rituelle limitant les pertes, mais des assauts hégémoniques, une véritable entreprise de conquête en marche. La guerre vise à faire plier l’ennemi pour s’emparer de son territoire et l’engloutir au final dans l’ager romanus.
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Tête de Romulus/Quirinus sur un denier Memmia

Les récits de la mort de Romulus rejoignent complètement ceux de sa naissance ; le prodige et le merveilleux rejoignent le cauchemar. Tout se passe comme si le meurtre de Romulus venait sanctionner un règne devenu trop autoritaire. Sur le « marais de la chèvre » en réunion publique, Romulus aurait été assassiné sauvagement par les sénateurs (comme César bien plus tard !) et démembré, chacun emportant en secret une partie du fondateur de Rome pour l’ensevelir. Les pères firent remparts de leurs corps et cachèrent aux romains leur forfait.
Une seconde hypothèse avance que Romulus connut l’apothéose, rappelé au Ciel par les dieux, veillant sur les anciens transformé en Quirinus, le Romulus divinisé.  Divinité complexe, elle forme alors la triade « pré-capitoline » avec Mars et Jupiter.
Plus tard, les empereurs se parent des attributs romuléens mais évitent soigneusement de prendre le nom du premier roi ! La légende romuléenne est immortelle : Seul le dernier empereur des romain prit le nom du premier roi de Rome ;  Romulus Augustule en des temps troubles connut lui aussi une fin exceptionnelle,. Il perdit le trône sans perdre la vie, échappant au funeste sort de ceux qui se sont frottés à la pourpre et n’ont pas réussi à se maintenir au trône.

Il semble logique de penser que dans ces nombreuses histoires condensées, il y eu plusieurs personnages pour former ce rêve de Rome et de son histoire et lui donner un seul nom. Peut-être un de ceux-là porta le nom de Romulus ? Sans doute, mais il est d’une manière ou d’une autre un mythe que l’on a voulu compacte pour donner à Rome une histoire glorieuse et synthétiser ainsi tous les actes fondateurs en une seule épopée suivie par un unique personnage, héros civilisateur, passeur du primitif au social, du berger au citoyen.
Comme le conclut T. Camous : « Il y eu sans doute un personnage qui se saisit un jour de son lituus et de sa charrue pour fonder Rome et donner naissance à un rêve, qui de Camille, César, Auguste, Justinien, Fréderic II de souabe, Nicolas II de Russie, le Kaiser Guillaume ou même l’improbable Bokassa de Centrafrique n’a cessé de hanter l’humanité en quête de symbole, de sens mais aussi de pouvoir. »

Wink
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeLun 22 Déc 2014 - 17:16



belle présentation! super boulot!

Bravo12 Bravo12 Bravo12



J'atouje la version de Tite-Live sur la disparition de Romulus et sa (quasi-?)déification :

Tite-Live, I, XVI


... Après ces immortels travaux, et un jour qu'il assistait à une assemblée, dans un lieu voisin du marais de la Chèvre, pour procéder au recensement de l'armée, survint tout à coup un orage, accompagné d'éclats de tonnerre, et le roi, enveloppé d'une vapeur épaisse, fut soustrait à tous les regards. Depuis, il ne reparut plus sur la terre.

Quand l'effroi fut calmé, quand à l'obscurité profonde eut succédé un jour tranquille et pur, le peuple romain, voyant la place de Romulus inoccupée, semblait peu éloigné de croire au témoignage des sénateurs, lesquels, demeurés près du roi, affirmaient que, pendant l'orage, il avait été enlevé au ciel. Cependant, comme si l'idée d'être à jamais privé de son roi l'eût frappé de terreur, il resta quelque temps dans un morne silence.

Enfin, entraînés par l'exemple de quelques-uns, tous, par acclamations unanimes, saluent Romulus, dieu, fils de dieu, roi et père de la ville romaine. Ils lui demandent; ils le conjurent de jeter toujours un regard propice sur sa postérité. Je suppose qu'il ne manqua pas alors de gens qui accusèrent tout bas les sénateurs d'avoir déchiré Romulus de leurs propres mains; le bruit même s'en répandit, mais n'acquit jamais beaucoup de consistance. Cependant l'admiration qu'il inspirait, et la terreur du moment, ont consacré le merveilleux de la première tradition. On ajoute que la révélation d'un citoyen vint fortifier encore cette croyance. Tandis que Rome inquiète déplorait la mort de son roi, et laissait percer sa haine contre les sénateurs, Proculus Julius, autorité grave, dit-on, même à propos d'un fait aussi extraordinaire, s'avança au milieu de l'assemblée, et dit :

« Romains, le père de cette ville, Romulus, descendu tout à coup des cieux, m'est apparu ce matin au lever du jour. Frappé de terreur et de respect, je restais immobile, tâchant d'obtenir de lui, par mes prières, qu'il me permît de contempler son visage : « Va, dit-il, annoncer à tes concitoyens que cette ville que j'ai fondée, ma Rome, sera la reine du monde; telle est la volonté du ciel. Que les Romains se livrent donc tout entiers à la science de la guerre; qu'ils sachent, et après eux leurs descendants, que nulle puissance humaine ne pourra résister aux armes de Rome. »

À ces mots, continua Proculus, il s'éleva dans les airs. Il est étonnant qu'on ait si facilement ajouté foi à un pareil discours, et aussi combien la certitude de l'immortalité de Romulus adoucit les regrets du peuple et de l'armée.





Je met également la version de Plutaruqe sur la disparion de Romulus, proche de celle de Tite-Live mais dont on ressent le doute sur la version "officielle" livienne :


Plutarque, Vie de Romulus, XXXVI-XXXVII



...Aussi lorsque peu de temps après Romulus disparut subitement, le soupçon de sa mort tomba sur les sénateurs. Elle arriva le jour des nones de juillet, appelé alors Quintilis ; et son époque est la seule chose qu’on en sache d’une manière sûre ; car, encore à présent, il se pratique ce jour-là plusieurs cérémonies qui rappellent cet événement. Au reste, on ne doit pas s'étonner de cette incertitude, puisque Scipion l'Africain lui-même ayant été trouvé mort dans sa maison après son souper, on ne put jamais découvrir la cause de cet accident.. Les uns disent qu'étant souvent malade et d'une complexion faible, il était mort de défaillance ; les autres, qu'il s'était empoisonné lui-même ; enfin, on croit que ses ennemis entrèrent chez lui pendant la nuit, et l'étouffèrent. Cependant son corps fut exposé à la vue du public, et chacun put y chercher des indices du genre de sa mort ; mais Romulus disparut tout à coup, sans qu'il restât aucune partie de son corps ni de ses vêtements.


On a donc conjecturé que les sénateurs s’étaient jetés sur lui dans le temple de Vulcain, qu’ils l’avaient mis en pièces, et que chacun avait emporté sous sa robe une partie de son corps. D’autres ont dit que cette disparition n’eut lieu ni dans le temple de Vulcain, ni en présence des sénateurs seuls ; mais que Romulus, tenant ce jour-là une assemblée du peuple hors de la ville, près du marais de la Chèvre, il se fit tout à coup dans l’air une révolution extraordinaire, et il survint une tempête si affreuse, qu’il serait impossible de la décrire. La lumière du soleil fut totalement éclipsée ; une nuit horrible couvrit les airs ; on n’entendait de toutes parts que de grands éclats de tonnerre, que des vents impétueux qui soufflaient avec violence. Le peuple effrayé se dispersa ; mais les sénateurs se rapprochèrent les uns des autres. Dès que l’orage fut passé, et que le jour eut repris sa lumière, le peuple revint au lieu de l’assemblée. Son premier soin fut de demander et de chercher le roi, qui ne paraissait pas : mais les sénateurs, arrêtant ses perquisitions, lui ordonnent d’honorer Romulus, qui vient d’être enlevé parmi les dieux, et qui désormais sera pour eux, au lieu d’un roi doux et humain, une divinité propice. Le petit peuple les crut sur parole ; ravi de joie et plein d’espérance, il se retira en adorant le nouveau dieu. Mais d’autres, animés par le ressentiment et la vengeance, poussèrent plus loin leurs recherches, et causèrent de vives inquiétudes aux sénateurs, en les accusant d’être les meurtriers du roi, et de chercher à couvrir leur crime par des contes ridicules.


XXXVIII. Pendant le tumulte que cet incident fit naître, un des premiers patriciens, généralement estimé pour sa vertu, qui avait suivi Romulus d’Albe à Rome, et avait joui de la confiance et de la familiarité de ce prince, Julius Proculus, s’avança au milieu de la place publique ; et là, en présence de tout le peuple, il jura, par ce qu’il y avait de plus sacré, qu’en revenant de l’assemblée Romulus lui avait apparu plus grand et plus beau qu’il ne l’avait jamais vu, et couvert d’armes plus brillantes que le feu ; qu’à cette vue, saisi d’étonnement, il lui avait dit :

« Ah ! prince, que vous avons-nous fait ? et pourquoi nous avez-vous quittés, en nous exposant aux accusations les plus graves et les plus injustes, en laissant toute la ville privée d’un père et plongée dans un deuil inexprimable ? »

Que Romulus lui avait répondu :

« Les dieux veulent, Proculus, qu’après avoir vécu si longtemps avec les hommes, quoique fils d’un dieu, après avoir bâti une ville qui surpassera toutes les autres en puissance et en gloire, je retourne au ciel d’où je suis descendu. Adieu ; allez dire aux Romains qu’en pratiquant la tempérance, en exerçant leur courage, ils s’élèveront au plus haut point de la puissance humaine. Pour moi, sous le nom de Quirinus, je serai votre dieu tutélaire. »

Le caractère de Proculus, et le serment qu’il avait fait, firent ajouter foi à son témoignage. D’ailleurs l’assemblée, par une sorte d’inspiration divine, fut saisie d’un tel enthousiasme, que personne ne pensa à le contredire, et que, renonçant à leurs soupçons, ils se mirent tous à invoquer et à adorer Quirinus.






je termine avec la version de Denys d'Halicarnasse qui met en avant la thèse de l'assassinat


Denys Halicarnasse, Antiquités romaines, II, 56


LVI. 1. Voilà les guerres mémorables que Romulus a faites. S’il ne soumit pas plus de nations voisines cela semble être dû à sa mort soudaine, qui se produisit alors qu'il était toujours dans la force de l’âge pour accomplir des exploits guerriers. Sur sa mort il y a beaucoup d’histoires différentes

2. Ceux qui présentent une histoire plutôt fabuleuse de sa vie disent que tandis qu'il haranguait ses hommes dans le camp, une obscurité soudaine s’abattit dans un ciel clair et qu’un violent d'orage éclata, et alors il disparut; et ces auteurs croient qu'il a été enlevé au ciel par son père Mars.

3. Mais ceux qui écrivent des histoires plus plausibles disent qu'il fut tué par ses propres concitoyens; et la raison qu'ils donnent pour son meurtre c’est qu'il libéra sans demander l’avis de personne, contrairement à la coutume, les otages pris aux Véïens, et qu'il ne se comportait plus de la même manière envers les citoyens originaux et envers ceux qui furent inscrits plus tard, mais il honorait plus ces premiers alors qu’il méprisait les nouveaux venus, et aussi en raison de sa grande cruauté dans le châtiment des délinquants (par exemple, il avait ordonné qu’un groupe de Romains accusés du brigandage contre les peuples voisins soit jeté du haut de la Roche après avoir rendu un jugement seul, bien qu'ils ne fussent pas de basse naissance et qu’ils fussent nombreux), mais surtout parce qu'il paraissait être devenu dur et arrogant et qu’il exerçait son pouvoir plus comme un tyran que comme un roi.

4. Pour ces raisons, ils disent que les patriciens ourdirent une conspiration contre lui et décidèrent de le massacrer; et après l’avoir exécuté le meurtre dans le Sénat, ils dépecèrent son corps en petits morceaux, pour qu'on ne puisse les voir, et puis ils sortirent, chacun cachant sa partie de corps sous sa longue robe, et l'enterrant ensuite en secret.

5. D'autres disent que, alors qu’il haranguait le peuple il fut massacré par les nouveaux citoyens de Rome, et qu'ils exécutèrent le meurtre au moment où il y avait de la pluie et de l'obscurité, alors que l'assemblée du peuple s’était dispersée et que leur chef était sans sa garde. Et pour cette raison, disent-ils, le jour où cet événement s'est produit tire son nom de la fuite du peuple et s'appelle encore maintenant Populifugia (la Fuite du Peuple).

6. Quoi qu’il en soit, les circonstances qui accompagnèrent, sous la direction du Ciel, la naissance et la mort de cet homme semblent donner beaucoup d’autorité à l’avis de ceux qui considèrent comme dieux des hommes mortels et qui placent les âmes des personnes illustres dans le ciel. Ils disent qu'au moment où sa mère a été violée, que ce soit par un homme ou par un dieu, il y eut une éclipse totale de soleil et une obscurité générale comme si la nuit recouvrait la terre, et qu'à sa mort la même chose s'est produite.

7. Voilà, dit-on, comment est mort Romulus, qui fonda Rome et qui fut choisi par ses concitoyens comme leur premier roi. Il ne laissa aucune descendance, et après avoir régné trente-sept ans, il mourut dans sa cinquante-cinquième année; il avait obtenu le pouvoir très jeune : il n’avait pas plus de dix-huit ans, comme en conviennent tous ceux qui ont écrit son histoire.



salut5 salut5 salut5


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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeMar 23 Déc 2014 - 23:51

Encore merci Simo pour l'ajour des textes antiques. Wink
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeJeu 1 Jan 2015 - 22:40

Post très instructif qui avec ton changement d'avatar marque ton grand retour en République ? lol!

En tout cas c'est bien sympa de constater que le forum républicain continue de proposer des nouveautés super
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeJeu 1 Jan 2015 - 22:45



J'entrevois le buste de roma sur le denier anonyme de 114-115 hein69 hein69 hein69 hein69


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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeVen 2 Jan 2015 - 10:06

C'est bien ça Simo.  Wink

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Mon avatar a disparu soudainement dans la nuit du 31 , donc en urgence, j'ai mis Roma mon amour Very Happy
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeVen 2 Jan 2015 - 15:06



hein69 Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... 268821 hein69 Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... 268821 wouawbelle

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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeSam 3 Jan 2015 - 10:03

Pour ceux qui sont intéressés par les mythes fondateurs de Rome,  je ne peux que recommander la lecture de l'ouvrage: " Les mythes fondateurs de Rome. Images et politique dans l'Occident romain" d'Alexandra Dardenay certainement une des spécialistes de ce thème et de son iconographie.

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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeSam 3 Jan 2015 - 10:46

septimus a écrit:
Pour ceux qui sont intéressés par les mythes fondateurs de Rome,  je ne peux que recommander la lecture de l'ouvrage: " Les mythes fondateurs de Rome. Images et politique dans l'Occident romain" d'Alexandra Dardenay certainement une des spécialistes de ce thème et de son iconographie.
merci Effectivement Sept, un ouvrage très intéressant mais qui n'offre pas, à mon gout, une analyse complète des mythes fondateurs, étudiés un par un, comme le propose les ouvrages de Thierry Camous par exemple. Il inspecte toutes les sources et les découvertes les plus récentes (littéraires, archéologiques, épigraphiques, papyrologiques, numismatiques, etc...) à sa disposition par des méthodes d'analyses pluridisciplinaires (historiographie, Ethnographie, psychanalyse, anthropologie, etc...) pour tirer du mythe étudié ce qui peut être considèré comme ayant une valeur historique réelle.

Voici celui concernant Romulus :
 T. CAMOUS/ Romulus, le rêve de Rome, 425p., Payot, Paris, 2010

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Je suis en train de lire celui sur Tarquin le superbe paru en 2014.
T. CAMOUS/Tarquin le superbe, roi maudit des étrusques, 319p., Payot, Paris, 2014.

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Dernière édition par IOVI le Sam 3 Jan 2015 - 15:07, édité 2 fois
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Sergius
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeSam 3 Jan 2015 - 11:30

IOVI a écrit:
 pour tirer du mythe étudié ce qui peut être considèré comme ayant une valeur historique réelle.


Ah ben, voici un ouvrage qui pourra m'intéresser alors. Je l'ajoute à ma liste bienvenue
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MessageSujet: Re: Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire...   Scénographie numismatique romuléenne, mythe et histoire... Icon_minitimeSam 3 Jan 2015 - 14:19

Très intéressant,  merci pour l'info.

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