Le moustique en Perse Sassanide

Il y a bien longtemps que je n'avais pas posté de sassanide, malgré un stock grandissant, faute de temps sans doute. En voici donc une, bien atypique puisqu'il ne vous échappera pas qu’il s'agit en fait d'une monnaie byzantine, émission qui illustre parfaitement l’histoire mouvementée des relations perso-romaine de l’époque. Le contexte : c’est à l’aide reçue de Maurice, « césar de Roum », que Ḵosrow II Parvēz (le magnifique), fils d’Hormozd IV et petit-fils de Ḵosrow I Anōširavān (âme éternelle), doit la reconquête de son trône disputé dans un contexte mouvementé de rebellions menées par un général perse Bahrām Čōbin, et par ses oncles Besṭām et Bendōy. Après la restauration, une période de paix règne entre les 2 empires, qui prend fin avec l’assassinat de Maurice et de 5 de ses fils par Phocas,  Parvēz prend fait et cause pour Theodose, fils survivant de maurice contre Phocas puis Heraclius, et mène en son nom (et pour le plus grand profit de l’empire perse également) une série de campagnes militaires qui sont couronnées de succès. Il prend ainsi le contrôle d’une partie de l’Asie mineure, de la Syrie, de la Palestine, puis de l’Egypte. D’importantes cités tombent au main des Perses, et après Théodosiopolis, Edessa, Césarée de Cappadoce, et Antioche, c’est au tour d’Alexandrie de capituler. La ville reste sous le contrôle des sassanides 10 ans, de 618 à 628 CE. L’empire Perse Sassanide connaît alors sa plus grande expansion territoriale, comparable à celle de l’empire Achéménide 900 ans plus tôt sous Darius le Grand. Et comme souvent, les émissions monétaires témoignent des changements de pouvoir…

Bronze de 12 nummi Byzantin de Ḵosrow II Parvēz, atelier d’ Alexandrie sous domination sassanide à l’époque d’Héraclius (618-628 CE). 8,76g pour 18,2mm, axe des coins 5h

Avers : buste de Ḵosrow II Parvēz, effigie au style byzantin montrant une empereur chrétien ( de face, revêtu d’une cape, coiffé d’un bonnet surmonté d’une croix), mais entouré de part et d’autre par les symboles astraux classiques de l’imagerie royale sassanide zoroastrienne : étoile à gauche et croissant à droite du buste.
Revers : croix entre les lettres IB (12) séparées de la signature de l’atelier AΛEΞ  (Alexandrie) en  exergue par un trait horizontal.